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The Honeypot wears flip-flops... and sets sail
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30 septembre 2012

Flashback et coup au coeur

Une copine vient de poster sur fesse-de-bouc un lien vers un festival, que dis-je, LE festival rock de Grenoble, Rocktambule. J'aime beaucoup ce festival, j'y suis allee une fois ou 2 (sans doute pour y voir Dionysos) a l'epoque ou j'etais grenobloise, leur programmation depote toujours un max (petit aparte a qui se reconnaitront : Quintana Roo et Nadj y ont joue).

Mais aujourd'hui, mon coeur a fait un bond pour une raison bien particuliere : a cause d'un des lieux. Car Rocktambule s'installe cette annee en partie sur une friche industrielle, sur le site d'une ancienne usine papetiere, les Papeteries de Pont de Claix. Et les papet' j'y ai travaille. Oh pas longtemps compare a bien des ouvriers qui y ont fait une carriere entiere pour finir parfois contre-maitre ou rarement directeur-adjoint de production... j'y ai passe 2 ans, en 2 fois, il y a plus de 10 ans.

A l'epoque, l'avenir de l'usine etait deja bien incertain. Le groupe dont elle faisait partie avait ete rachete 12 ans auparavant par le numero un mondial du papier qui le dissolvait doucement site "ininteressant" (= ne rapportant pas assez, of course) par site "ininteressant". Au moment ou j'ai commence a y travailler, ce fameux numero un mondial entamait le largage de la petite usine dans l'impitoyable stratosphere papetiere. Heureusement pour ses employes, elle a trouve racheteur, qui est parvenu a la faire survivre cahin-caha plusieurs annees avant sa fermeture apres liquidation en 2008. Le papier n'a plus ni present ni avenir dans la region.

Alors lire que les concerts de Rocktambule auront lieu dans la salle des machines et que les stands du village se tiendront dans le laboratoire, ca m'a fait un drole d'effet. Un effet Titanic, comme si j'etais Rose (tant qu'a faire) et que je retournais a bord apres le naufrage. J'ai regarde ces photos du site maintenant, vu la video de la destruction de la cheminee de la chaufferie, me suis souvenue du site avant, et ca fait drole, vraiment, de se dire qu'on a vecu, travaille sur ce lieu desormais mort, depouille de son coeur (la machine a papier) et de sa tete (les hommes dans le sens 'humains' hein...)

 

greGrenoble, août 2012

 

Pourtant, meme il y a 10 ans, travailler la-bas c'etait faire un flashback de 50 ans tant le milieu de l'industrie du papier francais est etait macho, misogyne, paternaliste, retrograde. On vouvoie son superieur et on lui donne du Monsieur. On lui apporte son cafe dans son bureau. On fait un distingo tres fort entre cadres et non-cadres. On considere la commerciale, accessoirement ingenieure en sciences du papier, comme une jolie frimousse et un beau petit cul qui va accrocher le client. On ne s'habille pas en fifille si on doit aller a la machine (a papier, pas a cafe) tous les jours. On fait son planning de fab avec des petits bristols de couleurs qu'on decoupe proportionnellement a la quantite a fabriquer. On a installe les bureaux de la direction, administratifs et commercieux dans l'ancienne maison de maitres, ex-domicile du directeur et de sa famille au 19eme siecle. On loge encore certains employes dans les maisons appartenant aux papeteries, construites derriere l'usine, sauf le directeur, qui a droit a l'autre maison de maitres. On a un systeme de gestion de production qui marche sous DOS. Et, bien-sur, on photocopie a tours de bras, en n exemplaires, et on fait des dossiers, beaucoup de dossiers, pour tout, puisque le papier on l'a a la source, sauf le pq, dommage. Apres ca, se retrouver a la world company (WC), qui a aussi ses travers et ses mauvais cotes bien insidieux, ca fait comme un effet kisscool, une impression de fast forward et d'etre enfin dans le present.

Bref, en voyant les photos actuelles de l'usine, je me dis que c'est donc ça le prix a payer pour se retrouver catapultes dans le present. Je ne suis pas nostalgique de ma période papet', oh non alors, mais pour ceux qui y ont laissé -contraints et forcés- un boulot, est-ce que ca en valait le coup ?
Le cout, oui, ca c'est sur, aucun doute.

 

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Commentaires
V
Héhéhé, Nine... Il faudrait y retourner encore et encore pour espérer éprouver un jour de la nostalgie...
N
@ vinvin : es-tu nostalgique du Platinum ?<br /> <br /> <br /> <br /> @ Didou : ouep, sans doute... moi je n'avais plus aucun contact avec la papet' jusqu'à la semaine dernière et ça m'a fait un choc, alors ceux qui ont baigné dedans jusqu'à la fin, j'imagine même pas !
D
C'est vrai que la vidéo de la cheminée qui tombe, c'est plus qu'un symbole pour les gens qui y ont travaillé... Pas facile à vivre je devine...
V
On était jeune, on était beau, Nine... Moi j'ai toujours été enclain à la nostalgie des <br /> <br /> <br /> <br /> lieux de mon passé, alors je te dis pas avec l'âge... Déjà, constater que les lieux où l'on <br /> <br /> <br /> <br /> a vécu, et qui nous habitent encore, nous ont oublié, ont continué à exister sans nous, <br /> <br /> <br /> <br /> c'est toujours un pincement au coeur... Alors les voir disparaître, mourir, ça doit être <br /> <br /> <br /> <br /> vraiment horrible. J'aime revenir à Istanbul à cause de ça, ça change, mais ça reste pareil, <br /> <br /> <br /> <br /> la même ambiance, les lieux sont vivants. Et j'y retrouve des amis en plus des souvenirs, et <br /> <br /> <br /> <br /> ces amis sont le lien entre le présent et le passé. C'est bizarre, mais retourner dans le <br /> <br /> <br /> <br /> village de mes parents ne me fait pas le même effet. Je n'y ai plus d'amis, ils sont tous <br /> <br /> <br /> <br /> partis "ailleurs".
N
@ tagada : oui c'est triste, et ça reste abstrait quand on en entend parler à la radio, mais quand ça touche des gens que tu connais ou un endroit où tu as bossé, ça fait vraiment bizarre. La copine qui a posté le lien n'a jamais pu y remettre les pieds ni même passer devant. On ne se rend pas bien compte du traumatisme personnel que c'est de perdre son boulot et de voir 'son' entreprise disparaître, au-delà du côté financier et de la difficulté plus ou moins grande d'en trouver un autre.<br /> <br /> <br /> <br /> @ nanou : ouep, c'est pas la joie ! c'est la saison qui veut ça, j'aime pas l'automne, mais je vais arrêter les billets dépressogènes...<br /> <br /> euh oui, l'usine à papier ça peut puer, ça dépend du type de papier fabriqué et donc des produits utilisés. Et c'est pas DU TOUT environment-friendly comme industrie (mais laquelle l'est...?)
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