Vieux vieux
L'autre jour Sissi évoquait le fait que ses enfants ont des parents jeunes. Ça m'a interpelée parce que dans mon cas, c'est le contraire. Mon père pourrait être mon grand-père. Les nièces de ma mère ont eu des enfants avant elle. Ceux que je considère comme mes cousins sont en fait les enfants de mes cousines (sauf my american moron cousin qui, lui, est bien mon cousin germain - quelle horreur ce terme !). Alors que le reste de la famille se reproduit assez vite, nous on saute allègrement une génération chaque fois que c'est possible : mon grand-père s'est marié à 40 ans, mon oncle s'est marié à 40 ans, mon père s'est marié à 40 ans (et n'a pas fait des enfants tout de suite). Et mon frère et moi ne sommes pas partis pour faire chuter la moyenne.
Etre enfant de 'vieux' parents n'était pas aussi courant dans les années 70-80 que maintenant. Pour autant, je ne me souviens pas avoir subi de moqueries étant gamine ou mal vécu le fait que mes parents étaient plus âgés que la moyenne. Peut-être les ai-je digérées, peut-être les ai-je inconsciemment rangées loin dans ma mémoire, peut-être n'y en a-t-il pas eues.
Aurait-on été élevés différemment si nous étions nés des mêmes parents 20 ans avant ? Forcément. Si nos parents avaient eu 20 ans de moins ? Sans doute. A-t-on été élevés foncièrement différemment des autres enfants de ces années-là ? Ce n'est pas mon sentiment. Je n'ai pas du tout l'impression d'avoir été élevée avec 20 ans de retard. Je n'ai jamais ressenti de décalage par rapport à mes copains/copines.
La principale préoccupation de mes parents à notre sujet - après la santé - a toujours été de pouvoir subvenir à nos besoins jusqu'à la fin de nos études. Ceci mis à part, je ne pense pas qu'ils aient été soient plus inquiets pour leurs enfants parce qu'ils sont, eux, plus âgés que les autres parents (un jour peut-être je vous raconterai comment mon père a eu peur que sa fille soit vendue à un réseau de traite des blanches et que son fils tombe dans une secte). C'est juste dans leur caractère.
Je ne pense pas qu'avoir des enfants ait été un plus grand ou un moindre bonheur pour eux que pour la plupart des parents qui ont désiré leurs enfants. Ils l'ont fait parce qu'ils le sentaient et quand ils le sentaient. En tout cas c'est ma perception. Et je trouve qu'il n'y a pas plus sain comme raison(nement).
Peut-être en fait mes parents n'étaient-ils pas si différents à l'époque (c'est moins vrai maintenant) des autres parents. Ils étaient des parents. Point.
J'aime bien l'horrible petite phrase de Jean Yanne : il faut faire ses enfants quand on est vieux, on les emmerde pas longtemps.
Et réciproquement ?