Lasciare Italia
Sans vous raconter ma vie en remontant à cro-magnon, figurez-vous que j'ai des origines italiennes. Mes grands-parents paternels et leurs familles étaient italiens, mon père et son frère sont nés en Italie. Après la première guerre mondiale, la fratrie de ma grand-mère a quitté la botte : ses frères sont partis aux USA et elle (ma grand-mère) a émigré en France.
C'est l'un de ces 'oncles d'Amérique' que je suis allée chercher sur internet, dans les archives de l'immigration US. Je ne sais pas grand chose de mon grand-oncle, je l'ai vu 2 ou 3 fois, en Italie, et mes souvenirs sont flous.
C'est malgré tout assez émotionnant d'apprendre qu'il a débarqué du Duca degli Abruzzi dans la baie de New York le 3 août 1920, en provenance de Gênes. Il avait alors 19 ans et rejoignait son frère. Comme des millions d'immigrants, il a posé le pied à Ellis Island, passé cette fameuse porte dorée, ce sas d'entrée aux USA, ce centre de tri où les candidats étaient acceptés ou refoulés (et ce jusqu'en 1954).
Cela lui a pris une bonne partie de sa vie mais il a très bien réussi. Je vois encore les vieilles photos de son restaurant (grand luxe), dans les années 50, dans le comté de Nassau, à Long Island. J'entends encore mon père parler de ses élevages de chevaux qui lui ont rapporté gros, de son emploi du temps annuel de retraité (je ne l'ai pas connu actif) : l'été en Italie - tant qu'il a pu y venir - où il avait fait construire une grande maison familiale à coté de la maison qui l'avait vu naître, l'hiver (après Thanksgiving) en Floride, le reste du temps à Long Island.
Le passenger record de mon grand-oncle (source Fondation Ellis Island)
Grâce à lui (ou à cause, c'est selon) et si ma grand-mère avait accepté de s'éloigner de plus de 250 km de son village natal et de rejoindre ses frères aux Zétazuni, je serais née américaine.
Ça sonne un peu saudade tout ça ? Non.
Bientôt je vous parlerai de mon cousin d'Amérique, dont j'ai rêvé toute mon enfance et qui m'a fait fantasmer toute mon adolescence. Mais avant ça, dans le prochain épisode, vous saurez comment l'histoire se répète parfois un peu beaucoup et comment la bannière étoilée n'était décidément pas mon destin.
Edit : je rajoute un aperçu du ship manifest du Duca degli Abruzzi du 3 août 1920...
source Fondation Ellis Island