Non lasciare Francia
On prend presque les mêmes et on recommence. Après le 'non' de ma grand-mère à la proposition de son frère, mon père a pris le relais et dit non au Nouveau Monde.
Pourtant, mon oncle - le frère aîné de mon père et neveu de mon grand-oncle (j'en vois qui ont décroché) - lui, a décidé d'y aller. Il s'installe à NY et tout naturellement travaille d'abord pour son oncle (mon grand-oncle, donc) puis vole de ses propres ailes. Il obtient la double-nationalité et propose régulièrement - et en alternance avec le grand-oncle - à mon père et à mes grands-parents de le rejoindre. Ce sera niet, enfin no.
Mon père rendra pourtant visite à son frère et à son oncle à New York et il rencontrera toute la -désormais- grande famille américaine. Mais il n'y posera pas ses valises pour de bon et rentrera 'chez sa mère', cette mamma haute comme 3 pommes (et large comme 2), boule de nerfs au fort carafon dont mon grand-père dira qu'il ne l'a entendu dire 'oui' qu'une fois dans sa vie : le jour où ils se sont mariés... normal donc qu'elle soit restée en France : elle avait épuisé son crédit de si en épousant mon grand-père.
L'Italie et les Zétazuni n'occupent plus une grande place dans mes pensées - sauf en ce moment. Mes grands-parents et mon grand-oncle sont morts, mon oncle est rentré en France où il coule une retraite heureuse sous les pins parasols, après une vie de globe-trotter.
Mais enfant, leur parcours, leurs histoires, leurs aventures, le simple fait d'avoir de leurs nouvelles ont nourri mon imaginaire, mes rêves et mes envies. Adolescente, je m'étais fait promettre par mon père que si j'avais mon bac il me paierait un billet pour les US. Finalement une fois le sésame en poche, bof, j'ai préféré développer et entretenir mon réseau social local en l'étoffant de quelques expériences inter-genre (la vie est faite de choix ma pauvre Lucette). Je suis finalement allée à NY l'année dernière, sans émotion ni envie familiale particulière.
L'Italie aurait pu rester plus présente. Mon père a gardé contact avec les cousins qu'il voyait tous les étés étant gamin. J'y suis allée plusieurs fois, pendant les vacances, en famille. Mais les cousins italiens de mon âge et moi ne nous sommes pas assez vus pour maintenir le lien. Je n'ai pourtant pas de regret particulier, pas le sentiment de laisser filer mes racines, mes origines. Je prends par contre un grand plaisir à replonger dans l'histoire familiale et j'aurais aimé connaître mes grands-parents pour qu'ils me la racontent de vive voix.
J'ai un nom italien, et il me rappelle que la vie de mes grands-parents en France a dû ressembler, au début en tout cas, peu ou prou à ce qu'ont vécu les immigrants d'Afrique du Nord dans les années 60/70, discrimination et traitement inclus. Mais je ne me sens en aucun cas italienne. Mes origines sont partiellement italiennes, ma culture est totalement française.
Même si j'ai bien compris, car on me l'a beaucoup dit, que c'est le sang de la mamma qui coule dans mes veines.